Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 2.djvu/403

Cette page a été validée par deux contributeurs.

sublime vertu il a mérité que Dieu lui accordât ce miracle de s’affranchir du passé et de devenir sincère.

Ces éclairs de bon sens sont rares. Il a bien plus souvent, parmi ses cris de fureur, des accès de charlatanisme, de vanteries délirantes, qu’un fou seul peut hasarder : « Si j’étais tribun du peuple et soutenu par quelques milliers d’hommes déterminés, je réponds que, sous six semaines, la constitution serait parfaite, que la machine politique marcherait au mieux, qu’aucun fripon public n’oserait la déranger, que la nation serait libre et heureuse, qu’en moins d’une année elle serait florissante et redoutable, et qu’elle le serait tant que je vivrais » (26 juillet 1790, no 173).


L’Académie des Sciences, coupable d’avoir dédaigné ce qu’il nomme ses découvertes, est poursuivie, désignée dans sa feuille et dans un pamphlet réimprimé exprès, comme aristocrate. Des hommes paisibles, comme Laplace et Lalande, un véritable patriote, d’un grand caractère, Monge, sont signalés à la haine. Il ne les accuse pas seulement d’incivisme, mais de vol. « L’argent donné à l’Académie pour faire des expériences, ils vont le manger, dit-il, à la Rapée ou chez les filles. »

L’objet principal de cette rage envieuse, c’est naturellement le premier du temps, celui qui venait d’opérer dans la science une révolution rivale de la révolution politique, celui devant qui s’inclinaient