Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 2.djvu/385

Cette page a été validée par deux contributeurs.

ment, c’est un spectacle bizarre. Il court, furieux… Où court-il ? Il ne saurait bien le dire.

Si nous devons chercher les principes de Marat, ce n’est point apparemment dans les ouvrages de sa jeunesse (j’en parlerai tout à l’heure), mais dans ceux qu’il écrivit en pleine maturité, en 1789 et 1790, au moment où la grandeur de la situation pouvait augmenter ses forces et l’élever au-dessus de lui-même. Sans parler de l’Ami du peuple, commencé à cette époque. Marat publia, en 1789, la Constitution ou Projet de déclaration des droits, suivi d’un plan de constitution juste, sage et libre ; — de plus, en 1790, son Plan de législation criminelle, dont il avait déjà donné un essai en 1780. Il offrit ce dernier ouvrage à l’Assemblée nationale.

Au point de vue politique, ces ouvrages, extrêmement faibles, n’ont rien qui les distingue d’une infinité de brochures qui parurent alors. Marat y est royaliste et décide que, dans tout grand État, la forme du gouvernement doit être monarchique ; c’est la seule qui convienne à la France (Constitution, p. 17). Le prince ne doit être recherché que dans ses ministres ; sa personne sera sacrée (p. 43). En février 1791, Marat est encore royaliste.

Au point de vue social, rien, absolument rien qu’on puisse dire propre à l’auteur. On lui sait gré toutefois de l’attention particulière qu’il donne au sort des femmes, de sa sollicitude pour réprimer le libertinage, etc. Cette partie de son Plan de législation criminelle est excessivement développée. Il y a des