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ai passé trente-cinq dans l’épiscopat, où j’ai fait tout le bien que je pouvais faire. Accablé d’années et d’études, je ne veux pas déshonorer ma vieillesse ; je ne veux prêter un serment… (Murmures.) Je prendrai mon sort en esprit de pénitence.

Ce sort n’eut rien de funeste. Les évêques sortirent sans péril de l’Assemblée, y revinrent tant qu’ils voulurent. L’indignation de la foule n’entraîna aucun acte violent.

La séance du 4 janvier fut le triomphe des prêtres sur les avocats. Ceux-ci, dans leur maladresse, s’étaient comme affublés de la vieille robe du prêtre, de cette robe d’intolérance, fatale à qui la revêt. Les évêques gentilshommes trouvèrent dans la situation des paroles heureuses et dignes, qui pour leurs adversaires furent des coups d’épée. La plupart de ces prélats qui parlaient si bien n’étaient pourtant que des courtisans intrigants et mal famés ; dans notre sérieux monde moderne, qui demande au prêtre vertus et lumières, ils auraient été obligés tôt ou tard de se retirer de honte. Mais la profonde politique des Camus et des Barnave avait trouvé le vrai moyen pour leur ramener le peuple, pour en faire des héros chrétiens, les sacrer par le martyre.