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nobles, leurs ennemis, il fut frappé, tout enfant qu’il était, de voir la ville de Saint-Malo tout entière partir en garde nationale.

Les grandes villes, la classe ouvrière, absorbent toute l’attention des auteurs de l’Histoire parlementaire. Ils oublient une chose essentielle. Cette classe n’était pas née.

Je veux dire qu’elle était peu nombreuse, en comparaison de ce qu’elle est aujourd’hui.

La France nouvelle est née en deux fois : le paysan est né de l’élan de la Révolution et de la guerre, de la vente des biens nationaux ; l’ouvrier est né de 1815, de l’élan industriel de la paix.

La plupart des systèmes qu’on bâtit sur les temps de la Révolution reposent sur l’idée de la classe ouvrière, qui alors existe à peine. Voilà la première erreur de MM. Buchez et Roux, et de ceux qui, avec plus d’esprit, plus de talent, moins d’exagération systématique, ont adopté à la légère plusieurs de leurs conclusions.

Et la seconde erreur, non moins grave, c’est de supposer que la tradition catholique s’est perpétuée dans celle de la Révolution.

Pour défendre ce paradoxe, il a fallu soutenir à la Révolution elle-même qu’elle s’est trompée, qu’elle est identique à ce qu’elle a cru combattre ; ce qui n’est pas moins que de la représenter imbécile et idiote.

Mutilez tant que vous voudrez, torturez ses paroles, jamais vous ne la convaincrez d’avoir eu pour prin-