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factieux des prêtres, qu’on ne pouvait sévir contre personne pour des discours.

Il s’avançait là beaucoup, donnait forte prise. Quelqu’un de la gauche lui lança ce trait : Passez du côté droit ! Il sentit le coup, s’arrêta, réfléchit, devint prudent. Il se serait compromis s’il eût continué aux prêtres ce patronage, dans l’état où les choses étaient venues. Ils durent savoir cependant, et bien se tenir pour dit que, si la Révolution s’arrêtait jamais, ils trouveraient un protecteur dans ce politique.

Les Jacobins, par leur esprit de corps qui alla toujours croissant, par leur foi ardente et sèche, par leur âpre curiosité inquisitoriale, avaient quelque chose du prêtre. Ils formèrent, en quelque sorte, un clergé révolutionnaire. Robespierre, peu à peu, est le chef de ce clergé.

Il montra, dans ce rôle, une remarquable prudence, prit peu d’initiative, exprima les Jacobins et fut leur organe, ne les devança jamais. On le voit spécialement pour la question de la royauté. L’unanimité des cahiers envoyés aux États généraux faisait croire aux Jacobins que la France était royaliste. Donc Robespierre voulait un roi ; non pas un roi représentant du peuple, comme le voulait Mirabeau, mais délégué du peuple et commis par lui, par conséquent responsable. Il admettait, comme presque tout le monde alors, cette vaine hypothèse d’un roi qu’on tiendrait à la chaîne, garrotté et muselé, qui ne mordrait pas sans doute, mais qui, serré à ce point,