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Souverain, réclamait le droit d’intervenir et sifflait ses délègues.

À plus forte raison devait-il prendre ascendant aux Jacobins. D’abord il y était merveilleusement assidu, laborieux, toujours sur la brèche, parlant sur tout et toujours. Auprès des assemblées comme auprès des femmes, l’assiduité sera toujours le premier mérite. Beaucoup se lassèrent, s’ennuyèrent, désertèrent le club. Robespierre ennuyait parfois, mais ne s’ennuyait jamais. Les anciens partirent, Robespierre resta ; d’autres vinrent en grand nombre et ils trouvèrent Robespierre. Ceux-ci, non députés encore, ardents, impatients d’arriver aux affaires publiques, formaient déjà en quelque sorte l’Assemblée de l’avenir.

Robespierre n’avait point l’audace politique, le sentiment de la force qui fait qu’on prend autorité. Il n’avait pas davantage le haut essor spéculatif, il suivait de trop près ses maîtres, Rousseau et Mably. Il lui manquait enfin la connaissance variée des hommes et des choses, il connaissait peu l’histoire, peu le monde européen.

En revanche, il eut, entre tous, la volonté persévérante, un travail consciencieux, admirable, qui ne se démentit jamais.

De plus, au premier pas même, cet homme qu’on croyait tout principes, tout abstractions, eut une entente vraie de la situation. Il sut parfaitement (ce que ne surent ni Sieyès ni Mirabeau) où était la force, où il fallait la chercher.