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La question de l’exercice des droits politiques, si grande en elle-même, l’était encore plus en ce que les treize cent mille juges, assesseurs de juges, administrateurs, créés par l’Assemblée, ne devaient être pris que dans les citoyens actifs. On alla plus loin encore, on essaya de restreindre à ceux-ci la garde nationale, de désarmer ce peuple victorieux qui venait de faire la Révolution.

Cette défiance à l’égard du peuple, ce matérialisme bourgeois, qui ne voit de garantie d’ordre que dans la propriété, gagna de plus en plus l’Assemblée constituante. Il augmenta à chaque émeute. Les Sieyès, les Thouret, les Chapelier, les Rabaut Saint-Étienne, allèrent reculant toujours, oubliant leurs précédents. Ce qui est plus étrange encore, c’est que ceux qui avaient le mot de l’émeute et qui parfois la faisaient, Duport, Lameth et Barnave, n’étaient nullement rassurés et votaient, comme députés, des lois pour désarmer ceux qu’ils avaient agités, comme jacobins. La situation de ces trois hommes fut singulièrement double et bizarre dans l’année 1790. Leur popularité avait été portée au comble par leur lutte contre Mirabeau dans la grande circonstance du droit de paix et de guerre. Cependant leurs opinions différaient-elles profondément, essentiellement des siennes ? Qu’étaient-ils au fond ? Royalistes.

Aussi le seul homme au monde que Mirabeau ait

    sûrement du devoir de payer l’impôt, à une époque où elle était concentrée dans les mains des prêtres et des nobles.