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l’ordre des Lameth ou recevoir de Laclos l’argent du duc d’Orléans. À cette heure, le club est ouvert. Entrons avec précaution, le lieu est mal éclairé… Grande réunion pourtant, vraiment sérieuse, imposante. Ici, de tous les points de la France, vient retentir l’opinion ; ici pleuvent des départements les nouvelles vraies ou fausses, les accusations justes ou non. D’ici partent les réponses. C’est ici le Grand-Orient, le centre des sociétés, ici la grande Franc-Maçonnerie, non chez cet innocent Fauchet, qui n’en a que la vaine forme.

Oui, cette nef ténébreuse n’en est que plus solennelle. Regardez, si vous pouvez voir, ce grand nombre de députés ; ils ont été jusqu’à quatre cents ; aujourd’hui, ce que vous voyez, deux cents environ, toujours les principaux meneurs, Duport, Lameth, et cette présomptueuse figure, provocante et le nez au vent, le jeune et brillant avocat Barnave. Pour suppléer les députés absents, la société a admis près de mille membres, tous actifs, tous distingués.

Ici, nul homme du peuple. Les ouvriers viennent, mais à d’autres heures, dans une autre salle, au-dessous de celle-ci. On a fondé, pour leur instruction, une société fraternelle, où on leur explique la constitution. Une société de femmes du peuple commence aussi à se réunir dans cette salle inférieure[1].

Les Jacobins sont une réunion distinguée, lettrée.

  1. Marat met en contraste l’énergie de ces femmes et le bavardage de l’aristocratie jacobine (numéro du 30 décembre 1790).