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dans leur maison, et de là, fortifiés, ayant plusieurs fusils chargés, tirèrent sur la foule et tuèrent un grand nombre d’hommes. On mit le feu à la maison pour terminer ce carnage.

Dans l’Assemblée même, au sanctuaire des lois, on n’entendait qu’insultes et défis des gentilshommes. M. d’Ambly menaçait Mirabeau de la canne. Un autre alla jusqu’à dire : « Que ne tombons-nous sur ces gueux l’épée à la main ? »

Un quidam, envoyé par eux, suivit deux jours entiers Charles de Lameth pour le forcer de se battre. Lameth, très brave et très adroit, refusa obstinément de l’honorer d’un coup d’épée. Le troisième jour, comme rien ne pouvait lasser sa patience, tout le côté droit en masse l’accusa de lâcheté. Le jeune duc de Castries l’insulta ; ils sortirent ; Lameth fut blessé ; de là grande fureur du peuple. On répandit que l’épée de Castries était empoisonnée, que Lameth allait en mourir. Les Jacobins crurent l’occasion bonne pour effrayer les duellistes. Leurs agents poussèrent la foule à l’hôtel de Castries : il n’y eut ni meurtre ni vol, mais tous les meubles furent brisés, jetés dans la rue. Tout cela tranquillement, méthodiquement ; les briseurs mirent une sentinelle au portrait du roi qui seul fut respecté. La Fayette vint, regarda, ne put rien faire ; la plupart des gardes nationaux étaient indignés eux-mêmes de la blessure de Lameth et trouvaient qu’après tout les briseurs n’avaient pas tort (13 novembre 1790).

Dès ce jour, cette terreur des duellistes, qui peu