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dirigerait elle-même le Trésor public. Grave décision, l’un des coups les plus violents qu’on pût porter à la royauté.

Voilà donc les deux partis, jacobin, constitutionnel, qui tous les deux emploient la force, la violence, la terreur. La Fayette frappe par Bouillé, les Jacobins par l’émeute. Terreur de Nancy. Terreur de Paris.

À combien de siècles sommes-nous de la fédération de juillet ?… Qui le croirait ? À deux mois. Cette belle lumière de paix, où donc est-elle déjà ? L’éclatant soleil de juillet s’enténèbre tout à coup. Nous entrons dans un temps sombre de complots, de violences. Dès septembre, tout devient obscur. La presse, ardente, inquiète, marche à tâtons, on le sent. Elle cherche, cligne, elle ne voit pas, elle devine. L’inquisition des Jacobins qui commence donne de faibles et fausses lueurs, qui tout à la fois éclairent, obscurcissent, comme ces lumières fumeuses dans la grande nef où ils s’assemblent, au couvent de la rue Saint-Honoré.

Une seule chose était claire, dans cette obscurité, c’était l’insolence des nobles. Ils avaient pris partout l’attitude du défi, de la provocation. Partout ils insultaient les patriotes, les gens les plus paisibles, la garde nationale. Parfois le peuple s’en mêlait et il en résultait des scènes très sanglantes. Pour ne citer qu’un exemple, à Cahors, deux frères gentilshommes trouvèrent plaisant d’insulter un garde national qui avait chanté Ça ira. On voulut les arrêter ; ils blessèrent, tuèrent ce qui se présenta, puis se jetèrent