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cents, puis quatre cents. Ils prirent le titre d’Amis de la constitution. Dans la réalité, ils la tirent. Elle fut entièrement préparée par eux ; ces quatre cents, plus liés entre eux, plus disciplinés, plus exacts d’ailleurs que les autres députés, furent maîtres de l’Assemblée. Ils y apportèrent toutes faites et les lois et les élections ; eux seuls nommaient les présidents, secrétaires, etc. Ils masquèrent quelque temps cette toute-puissance en prenant parfois le président dans d’autres rangs que les leurs.

L’hiver de 1789, toute la France vint à Paris. Beaucoup d’hommes considérables voulaient entrer aux Jacobins. Ils admirent d’abord quelques écrivains distingués ; le premier fut Condorcet ; puis d’autres personnes connues, qui devaient être présentées, recommandées par six membres. On n’entrait qu’avec des cartes, qui étaient soigneusement examinées à la porte par deux membres qu’on y plaçait.

Le club des Jacobins ne pouvait se borner longtemps à être une officine de lois, un laboratoire poulies préparer. Il devint de bonne heure un grand comité de police révolutionnaire.

La situation le voulait ainsi. Que servait de faire la constitution, si la cour, par un coup habile, renversait cet échafaudage péniblement élevé ? On a vu qu’au bruit du complot de Brest, qui, disait-on, allait être livré aux Anglais, Duport (le 27 juillet 1789) avait fait créer par l’Assemblée le comité des recherches. Le comité n’avait point d’agents que ceux mêmes du gouvernement qu’il avait à surveiller. Ces