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thrope et de courtisans mécontents, se mêla à ce club Breton et y importa un esprit fort divers, fort équivoque. Des courtisans révolutionnaires, les plus intrigants, les plus audacieux, étaient les frères Lameth, jeunes colonels, d’une famille très favorisée de la cour, mais point satisfaite.

Nobles d’Artois, ils avaient été élus en Franche-Comté. Et ce fut un député de cette dernière province, très probablement leur homme, qui, en octobre 1789, quand l’Assemblée fut à Paris, loua un local pour réunir les députés. Les moines louèrent leur réfectoire pour deux cents francs, et pour deux cents francs le mobilier, tables, chaises. Plus tard, le local ne suffisant pas, le club se fit prêter la bibliothèque et enfin l’église. Les tombeaux des anciens moines, l’école ensevelie de saint Thomas, les confrères de Jacques Clément, se trouvèrent ainsi les muets témoins et les confidents des intrigues révolutionnaires.

Outre les membres du club Breton, beaucoup de députés qui n’étaient jamais venus à Paris, qui n’étaient pas fort rassurés après les scènes d’octobre et se croyaient comme perdus dans cet océan de peuple, s’étaient logés rue Saint-Honoré, près les uns des autres, pour se retrouver au besoin. Ils étaient là à la porte de l’Assemblée, qui siégeait alors au Manège, à l’endroit où se croisent les rues de Rivoli et de Castiglione. Il leur était commode de se réunir presque en face, au couvent des Jacobins.

Il y eut cent députés le premier jour, puis deux