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projet bien arrêté de changer tout de fond en comble. Eux-mêmes, ils étaient flattés de cette mauvaise renommée. Ils ne la méritaient pas. Ils n’étaient qu’inconséquents. Il se trouva au jour critique qu’ils étaient partisans de la monarchie qu’ils avaient détruite.

Duport était pourtant un penseur, une tête forte et plus complète que celle de ses collègues ; homme de spéculation, il avait en même temps beaucoup d’expérience révolutionnaire, avant la Révolution même. Rival de d’Espreménil au Parlement, il avait été l’un des principaux moteurs de la résistance contre Calonne et Brienne. Il devait connaître à fond l’action secrète de la police parlementaire, l’organisation des émeutes de la basoche et du peuple en faveur du Parlement.

Pendant les élections de 1789, il commença à réunir chez lui plusieurs hommes politiques (rue du Grand-Chantier, près du Temple). Mirabeau, Sieyès, y vinrent et n’y voulurent pas retourner. « Politique de caverne ! » dit Sieyès. Le grand métaphysicien ne voulait agir que par les idées. Duport, au secours des idées, voulait appeler l’intrigue souterraine, l’agitation populaire, l’émeute s’il le fallait.

Nouvelle réunion à Versailles. Celle-ci, dont le fond était la députation de Bretagne, s’appela le club Breton. Là se préparaient, sous l’influence de Duport, Chapelier, etc., plusieurs des mesures hardies qui sauvèrent la Révolution naissante. La minorité de la noblesse, mi-partie de grands seigneurs philan-