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soir, de profil, à la tribune des Jacobins ; nous le posons de face (en mai 1791) dans l’Assemblée nationale, sous un aspect magistral, dogmatique, déjà menaçant.

Nous avons ainsi daté soigneusement, minutieusement, les hommes, et les questions, et les moments de chaque homme.

Nous nous sommes dit et répété un mot qui nous est resté présent et qui domine ce livre :

L’histoire, c’est le temps.

Cette pensée constante nous a empêché d’amener les questions avant l’heure, comme on le fait trop souvent. C’est une tendance commune de vouloir lire toutes les pensées d’aujourd’hui dans le passé, qui souvent n’y songeait pas. Pour ceux qui ont cette faiblesse, rien n’est plus facile. Toute grande question est éternelle ; on ne peut guère manquer de la retrouver à toute époque. Mais le fait de la science est de ne pas prendre ainsi ces côtés vagues et généraux des choses, ces caractères communs des temps, où ils se confondent ; au contraire, de spécifier, — d’insister, pour chaque époque, sur la question vraiment dominante, et non d’y faire ressortir telle circonstance accessoire, qui se trouve en d’autres temps, qui peut-être de nos jours est devenue dominante, mais ne l’était pas alors.

C’est à tort que les auteurs de l’Histoire parlementaire et ceux qui la suivent de près ou de loin ont placé en première ligne, dans l’histoire de la Révolution, les questions qu’on appelle sociales, questions