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le 31 fort près de Nancy. Trois députations de la ville, à onze heures, à trois, à quatre, vinrent au-devant de lui et lui demandèrent ses conditions. Les députés étaient des soldats et des gardes nationaux (Bouillé dit : de la populace, parce qu’ils n’avaient pas d’uniformes) ; ils avaient mis à leur tête des municipaux, tout tremblants, qui, arrivés près de Bouillé, ne voulurent pas retourner et restèrent avec lui, l’autorisant encore par leur présence, par la crainte qu’ils témoignaient de revenir à Nancy. Les conditions du général étaient de n’en faire aucune, d’exiger d’abord que les régiments sortissent, remissent leur otage Malseigne et livrassent chacun quatre des leurs, qui seraient jugés par l’Assemblée. Leur faire choisir, trahir, livrer eux-mêmes quelques-uns de leurs camarades, cela était dur, déshonorant pour les Français, mais horrible pour les Suisses, qui savaient parfaitement qu’ils n’iraient jamais au jugement de l’Assemblée, qu’en vertu des capitulations leurs chefs les réclameraient pour être pendus, roués vifs ou mourir sous le bâton.

Les deux régiments français (du Roi et Mestre-de-Camp) se soumirent, rendirent Malseigne, commencèrent à sortir de la ville. Resta le pauvre Châteauvieux, dans son petit nombre, deux bataillons seulement ; quelques-uns des nôtres pourtant rougirent de l’abandonner ; beaucoup de vaillants gardes nationaux de la banlieue de Nancy vinrent aussi, par un instinct généreux, se ranger auprès des