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pagne et tâchaient d’entraîner les gardes nationaux. Ils en amenèrent sept cents, aristocrates ou fayettistes, qui suivirent Bouillé et se montrèrent très violents, très furieux. Mais la masse des gardes nationaux, environ deux mille, ne se laissèrent pas tromper ; ils comprirent parfaitement que le côté de Bouillé ne pouvait pas être celui de la Révolution ; ils se jetèrent dans Nancy.

Les carabiniers de Lunéville, où s’était réfugié Malseigne, ne se soucièrent pas non plus de participer à l’exécution sanglante que l’on préparait. Eux-mêmes, ils livrèrent Malseigne à leurs camarades ; ce foudre de guerre fit son entrée à Nancy en pantoufles, robe de chambre et bonnet de nuit.

Bouillé tint une conduite étrange. Il écrit à l’Assemblée qu’il la prie de lui envoyer deux députés, qui puissent l’aider à arranger les choses. Et le même jour, sans attendre, il part pour les arranger lui-même à coups de canon.

Le 31 août, le jour même où le massacre se fit, on lisait à l’Assemblée cette lettre pacifique. Emmery et La Fayette essayaient de faire décréter : « Que I Assemblée approuve ce que Bouillé fait et fera. » Une députation de la garde nationale de Nancy se trouva là heureusement pour protester, et Barnave proposa, fit adopter une proclamation ferme et paternelle, où l’Assemblée promettait de juger impartialement… Juger ! C’était un peu tard !… L’une des parties n’était plus.

Bouillé, parti de Metz le 28, le 29 de Toul, était