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crâne de l’armée », un homme fort brave, de première force pour l’escrime, très fougueux, très provocant. Étrange vérificateur ! il y avait bien à croire qu’il solderait en coups d’épée. Notez qu’on l’envoyait seul, comme pour signifier un défi.

Cependant les soldats avaient écrit à l’Assemblée nationale ; la lettre fut interceptée. Ils envoyèrent quelques-uns des leurs pour en porter une seconde, et La Fayette fit arrêter et la lettre et les porteurs, dès qu’ils arrivèrent à Paris.

Au contraire, on présenta à l’Assemblée, on lui lut l’accusation portée contre les soldats par la municipalité de Nancy, toute dévouée aux officiers. Emmery soutint hardiment que l’affaire de Châteauvieux (du 5 et du 6 août) avait eu lieu après qu’on eut proclamé le décret de l’Assemblée qu’elle avait rendu le 6. Cette affaire, exposée ainsi, sans faire mention de sa date, semblait une violation du décret, non violé, puisqu’il était inconnu à Nancy et qu’il fut fait à Paris le même jour. De même, on présenta aussi comme violant le décret du 6 une insurrection des soldats de Metz qui avait eu lieu plusieurs jours avant le 6.

Au moyen de cette exposition artificieuse et mensongère, on tira de l’Assemblée un décret passionné, indigné, qui avait déjà le caractère d’une condamnation des soldats ; ils devaient, d’après ce décret, déclarer aux chefs leur erreur et leur repentir, même par écrit, s’ils l’exigeaient, c’est-à-dire remettre à leur adverse partie des preuves écrites contre eux.