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les députés jacobins, dont les émissaires n’avaient pas peu contribué à soulever le soldat, n’en votèrent pas moins contre lui à l’Assemblée nationale. Tous les décrets répressifs furent votés à l’unanimité.

La cour fut tellement enhardie qu’elle ne craignit pas de confier à Bouillé le commandement des troupes sur toute la frontière de l’Est, depuis la Suisse jusqu’à la Sambre. Ces troupes, il est vrai, n’étaient guère sûres. Il ne pouvait bien compter que sur vingt bataillons d’infanterie (allemands ou suisses) ; mais il avait beaucoup de cavalerie, vingt-sept escadrons de hussards allemands et trente-trois escadrons de cavalerie française. De plus, ordre à tous les corps administratifs de l’aider de toute façon, de l’appuyer, spécialement par la garde nationale. M. de La Fayette, pour mieux assurer la chose, écrivit fraternellement à ces gardes nationales et leur envoya deux de ses aides de camp : l’un se fit aide de camp de Bouillé ; l’autre travailla d’une part à endormir la garnison de Nancy, d’autre part à rassembler les gardes nationales qu’on voulait mener contre elle.

Bouillé, qui nous explique lui-même son plan de campagne, laisse entrevoir beaucoup de choses lorsqu’il avoue « qu’il voulait, par Montmédy, s’assurer une communication avec Luxembourg et l’étranger ».

Dans sa lettre du 8 août, La Fayette disait à Bouillé que pour inspecteur des comptes on enverrait à Nancy un officier, M. de Malseigne, qu’on faisait venir tout exprès de Besançon. C’était un choix fort menaçant. Malseigne passait pour être le « premier