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toute affaire d’intérêts, sont faibles et partiaux pour elle dans les questions d’idées. La littérature anglaise est toujours leur littérature. La cruelle guerre de presse que nous faisaient les Anglais influa sur les Américains, et par eux sur La Fayette. Du moins ils ne le soutinrent pas dans ses primitives aspirations républicaines. Il ajourna ce haut idéal et se rabattit, au moins provisoirement, aux idées anglaises, à un certain éclectisme bâtard anglo-américain. Lui-même, Américain d’idées, était Anglais de culture, un peu même de figure et d’aspect.

Pour ce provisoire Anglais, pour ce système de royauté démocratique ou démocratie royale, qui, disait-il, n’était bon que pour une vingtaine d’années, il fit une chose décisive, qui parut arrêter la Révolution et qui la précipita.

Reprenons les précédents.

Dès l’hiver de 1790, l’armée fut travaillée de deux côtés à la fois, d’un côté par les sociétés patriotiques, de l’autre par la cour, par les officiers qui essayèrent, comme on a vu, de persuader aux soldats qu’ils avaient été insultés dans l’Assemblée nationale.

En février, l’Assemblée augmenta la solde de quelques deniers. En mai, le soldat n’avait rien reçu encore de cette augmentation : elle devint entièrement insignifiante, étant employée presque entièrement à une imperceptible augmentation des rations de pain.

Long retard et résultat nul. Les soldats se crurent volés. Dès longtemps, ils accusaient l’indélicatesse