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furent des simples, des niais, quand ils garantirent ce que le temps a si violemment démenti… Des niais, mais, dans cette niaiserie, il y avait corruption ; ces têtes faibles et vaniteuses avaient été tournées par leurs désappointements, corrompues par les caresses, les flatteries, la funeste amitié des ennemis de la France.

La France révolutionnaire, qu’on a crue si violente, fut patiente, en vérité. Partout dans Paris, rue Saint-Jacques, rue de la Harpe, on imprimait, on étalait les livres des traîtres, d’un Calonne, par exemple, admirablement exécutés aux frais de la cour, le livre furieux, immonde de Burke, aussi violent que ceux de Marat, et, si l’on songe aux résultats, bien autrement homicide !

Ce livre, si furieux que l’auteur oublie à chaque page ce qu’il vient de dire dans l’autre, s’enferrant lui-même à l’aveugle dans ses propres raisonnements, me rappelle à tout moment la fin de Mirabeau-Tonneau, qui mourut de sa violence, se jetant les yeux fermés sur l’épée d’un officier qu’il forçait de se mettre en garde.

L’excès de la fureur qui souffre de n’en pouvoir dire assez jette à chaque instant l’auteur dans ces basses bouffonneries qui avilissent le bouffon : « Nous n’avons pas été, nous autres Anglais, vidés, recousus, empaillés, comme les oiseaux d’un musée, de paille ou chiffons, de sales rognures de papier qu’ils appellent les Droits de l’homme. » Et ailleurs : « L’Assemblée constituante se compose de procureurs