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Lally et les autres pleureurs ont fomenté contre nous la croisade des peuples et des rois ; elle a jeté la France, acculée entre tous, dans la nécessité homicide de la Terreur. — Pitié exterminatrice ! elle a coûté la vie à des millions d’hommes. Cette cataracte de larmes qu’ils eurent dans les yeux a fait couler dans la guerre des torrents de sang.

Qu’on juge avec quelle délectation intérieure, quel sourire de complaisance, l’Angleterre apprit des Français, des meilleurs, des plus sensibles, des vrais amis de la liberté, que la France était un pays indigne de la liberté, un peuple étourdi, violent, qui, par faiblesse de tête, tournait aisément au crime. Enfants brutaux, malfaisants, qui gâtent et brisent ce qu’ils touchent… Ils briseraient le monde vraiment, si la sage Angleterre n’était là pour les châtier.

La partie n’était pas égale dans ce procès devant le monde, entre la Révolution et ses accusateurs anglo-français. Eux, ils montraient des désordres trop visibles. Et la Révolution montrait ce qu’on ne voyait pas encore, la persévérante trahison de ses ennemis, l’entente cordiale, intime, des Tuileries, de l’émigration, de l’étranger, l’accord des traîtres du dedans, du dehors. On niait, on jurait, on prenait le ciel à témoin. Soupçonner ainsi, calomnier, ah ! quelle injustice !… Ces innocents qui protestaient sont venus en 1815 dire bien haut qu’ils étaient coupables, se vanter et tendre la main.

Oui, nous pouvons aujourd’hui, sur leur témoignage même, affirmer avec sûreté : Les Necker, les Lally,