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battent, de dominer leur combat d’un cœur ferme et serein, de combattre du bras et de garder en eux l’héroïsme de paix !

La Révolution fit beaucoup, mais si elle eût pu se tenir, un moment du moins, à cette hauteur, que n’eût-elle pas fait ?

D’abord, elle eût duré. Elle n’aurait pas eu la triste chute de 1800, où les âmes stérilisées, ou de peur ou de haine, devinrent pour longtemps infécondes.

Et puis elle n’eût pas été écrite seulement, mais appliquée. Des abstractions politiques elle fût descendue aux réalités sociales.

Le sentiment de bonté courageuse qui fut son point de départ et son premier élan ne serait pas resté flottant à l’état de vague sentiment, de généralités. Il aurait été à la fois s’étendant et se précisant, voulant entrer partout, pénétrant les lois de détail, allant jusqu’aux mœurs mêmes et jusqu’aux actions les plus libres, circulant dans les ramifications les plus lointaines de la vie.

Parti de la pensée et revenant à elle après avoir traversé la sphère de l’action, ce sentiment sympathique d’amour des hommes amenait de lui-même la rénovation religieuse.

Quand l’âme humaine suit ainsi sa nature, quand elle reste bienveillante, quand, absente de son égoïsme, elle va cherchant sérieusement le remède aux douleurs des hommes, alors, par delà la loi et les mœurs, là où toute puissance finit, l’imagination et La sympathie ne finissent pas ; l’âme les suit et veut