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envoyé par lui pour recevoir et complimenter à Nice Froment, échappé de Nîmes.

Le 27, l’Assemblée apprit que le roi accordait aux Autrichiens le passage sur terre de France, pour aller écraser la révolution de Belgique.

Le même jour, date mémorable, le 27 juillet 1790, l’Europe fit son premier accord contre la Révolution, contre celle de Brabant d’abord. Les préliminaires du traité furent signés à Reichembach. L’Angleterre, la Prusse et la Hollande abandonnèrent à la vengeance de l’Autriche la Belgique qu’elles avaient soulevée, encouragée, qui n’espérait qu’en elles, qui s’obstina plus tard encore et jusqu’à sa dernière heure à attendre d’elles son salut.

Le même mois, M. Pitt, sûr du concert européen, ne fit pas difficulté de dire en plein Parlement qu’il approuvait mot pour mot la diatribe de Burke contre la Révolution, contre la France ; livre infâme, insensé de rage, plein de calomnies, de basses insultes, de bouffonneries injurieuses, où il compare les Français aux galériens rompant la chaîne, foule aux pieds la Déclaration des droits de l’homme, la déchire et crache dessus.

Dure, pénible découverte ! Ceux que nous croyions amis sont nos plus cruels ennemis !

Il est grand temps que nous sortions de nos illusions philanthropiques, de nos sympathies crédules. La Révolution ne peut, sous peine de périr, rester dans l’âge d’innocence.

La vérité, dure ou non, il faut la voir face à face.