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loyaux citoyens, de n’aimer que les vaillants, de n’associer leur vie qu’à ceux qui donnaient la leur à la France.

Elles inspiraient ainsi l’élan dès 1788. Et maintenant, dans les fédérations de juin, de juillet 1790, après tant d’obstacles écartés, dans ces fêtes de la victoire, nul n’était plus ému qu’elles. La famille, pendant l’hiver, dans l’abandon complet de toute protection publique, avait couru tant de dangers !… Elles embrassaient, dans ces grandes réunions si rassurantes, l’espoir du salut. Le pauvre cœur était cependant encore bien gros du passé… de l’avenir ?… Mais elles ne voulaient d’avenir que le salut de la patrie ! Elles montraient, on le voit, dans tous les témoignages écrits, plus d’élan, plus d’ardeur que les hommes mêmes, plus d’impatience de prêter le serment civique.

On éloigne les femmes de la vie publique, on oublie trop que vraiment elles y ont droit plus que personne. Elles y mettent un enjeu bien autre que nous ; l’homme n’y joue que sa vie, et la femme y met son enfant… Elle est bien plus intéressée à s’informer, à prévoir. Dans la vie solitaire et sédentaire que mènent la plupart des femmes, elles suivent de leurs rêveries inquiètes les crises de la patrie, les mouvements des armées… Vous croyez celle-ci au foyer ?… Non, elle est en Algérie, elle participe aux privations, aux marches de nos jeunes soldats en Afrique ; elle souffre et combat avec eux.

Appelées ou non appelées, elles prirent la plus vive