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l’humilité de se croire Bretons, Provençaux… Non, enfants, sachez-le bien, vous étiez les fils de la France, c’est elle qui vous le dit, les fils de la grande mère, de celle qui doit, dans l’égalité, enfanter les nations.

Rien de plus beau à voir que ce peuple avançant vers la lumière, sans loi, mais se donnant la main. Il avance, il n’agit pas, il n’a pas besoin d’agir ; il avance, c’est assez : la simple vue de ce mouvement immense fait tout reculer devant lui ; tout obstacle fuit, disparait, toute résistance s’efface. Qui songerait à tenir contre cette pacifique et formidable apparition d’un grand peuple armé ?

Les fédérations de novembre brisent les États provinciaux, celles de janvier finissent la lutte des parlements, celles de février compriment les désordres et les pillages ; en mars, avril, s’organisent les masses qui étouffent en mai et juin les premières étincelles d’une guerre de religion, mai encore voit les fédérations militaires, le soldat redevenant citoyen, l’épée de la contre-révolution, sa dernière arme, brisée… Que reste-t-il ? La fraternité a aplani tout obstacle, toutes les fédérations vont se confédérer entre elles, l’union tend à l’unité. Plus de fédérations, elles sont inutiles, il n’en faut plus qu’une : la France. — Elle apparaît transfigurée dans la lumière de juillet.

Tout ceci, est-ce un miracle ?… Oui, le plus grand et le plus simple, c’est le retour à la nature. Le fond de la nature humaine, c’est la sociabilité. Il avait fallu tout un monde d’inventions contre nature pour empê-