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CHAPITRE XI

DE LA RELIGION NOUVELLE. — FÉDÉRATION (JUILLET 1789 - JUILLET 1790).

La France de 1789 a senti la liberté, celle de 1790 sent l’unité de la patrie. — Les fédérations ont aplani les obstacles. — Les barrières artificielles tombent. — Procès-verbaux des fédérations. — Ils témoignent de l’amour de l’unité nouvelle, du sacrifice des provincialités, des vieilles habitudes. — Fêtes des fédérations. — Symboles vivants. — Le vieillard, la fille, la femme, la mère. — L’enfant sur l’autel de la patrie. — Oubli des divisions de classes, de partis, de religions. — L’homme retrouve la nature. — L’homme embrasse de cœur la patrie, l’humanité. — Additions et détails divers.


Rien de tout cela encore dans l’hiver de 1789. Ni municipalités régulières, ni départements. Point de lois, point d’autorité, aucune force publique. Tout va se dissoudre, ce semble, c’est l’espoir de l’aristocratie… Ah ! vous vouliez être libres ; voyez maintenant, jouissez de l’ordre que vous avez fait… — À cela que répond la France ? Dans ce moment redoutable, elle est sa loi à elle-même ; elle franchit sans secours, dans sa forte volonté, le passage d’un monde à l’autre, elle passe, sans trébucher, le pont étroit de l’abîme, elle passe, sans y regarder, elle ne voit que le but. Elle s’avance avec courage dans ce téné-