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France fait, elle l’enregistre plus ou moins exactement, elle le formule et l’écrit sous sa dictée.

Que les scribes viennent ici apprendre, qu’ils sortent un moment de leur antre, le Bulletin des lois, qu’ils écartent ces montagnes de papier timbré qui leur ont caché la nature. Si la France n’avait pu se sauver que par leur plume et leur papier, la France aurait péri cent fois.

Moment grave, d’intérêt infini, où la nature se retrouve à temps pour ne pas périr, où la vie, en présence du danger, suit l’instinct, son meilleur guide, et trouve en lui son salut.

Une société vieillie, dans cette crise de résurrection, nous fait assister à l’origine des choses. Les publicistes rêvaient le berceau des nations ; pourquoi rêver ? Le voici.

Oui, c’est le berceau de la France que nous avons sous les yeux… Dieu te protège ! ô berceau ! qu’il te sauve et te soutienne sur ces grandes eaux sans rivage où je te vois avec tremblement flotter sur la mer de l’avenir !…


La France naît et se lève, au canon de la Bastille. En un jour, sans préparatifs, sans s’être entendus d’avance, toute la France, villes et villages, s’organise en même temps.

En chaque lieu, c’est la même chose : on va à la maison commune, on prend les clés et le pouvoir, au nom de la nation. Les électeurs (en 1789, tous ont été électeurs) forment des comités, comme celui