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couvre l’Hôtel de Ville et y sont bientôt assiégés. Loin de les secourir, c’est à la populace furieuse que l’on envoie du secours ; on la fait appuyer par les employés des gabelles. On tire contre les fenêtres cinq ou six cents coups de fusil. Les malheureux, criblés de balles, ayant déjà plusieurs morts, beaucoup de blessés, n’ayant point de munitions, demandent la vie, présentent un mouchoir blanc ; on n’en tire pas moins ; on démolit le mur qui seul les protège. Alors la coupable municipalité se décide, in extremis, à faire ce qu’elle devait, à requérir le régiment de Languedoc, qui depuis longtemps ne demandait qu’à marcher.

Une grande dame avait fait dire des messes pendant la tuerie.

Ceux qui n’ont pas été tués peuvent donc enfin sortir. Mais la rage n’est pas épuisée. On leur arrache leurs habits, l’uniforme national, on leur arrache la cocarde, on la foule aux pieds. Nu-tête, en chemise, un cierge à la main, arrosant, tout le long de la rue, le pavé de sang, on les traîne à la cathédrale, on les agenouille aux degrés pour faire amende honorable… En avant marchait le maire, qui portait un drapeau blanc.

La France, pour moins que cela, avait fait le 6 octobre. Elle avait, pour un moindre outrage à la cocarde tricolore, renversé une monarchie.

On tremble pour Montauban quand on voit la sensibilité terrible qu’une telle chose allait exciter, la solidarité profonde qui, du Nord mu Midi, liait des