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ment, les cabarets, les petits revendeurs de vin, qui, dépendant du principal propriétaire de vignobles, le Clergé, étaient d’autre part en rapport avec le petit peuple catholique, surtout avec les paysans électeurs de campagne. Ceux-ci venant à la ville faisaient halte au cabaret. Ils y dépensaient (et ceci compte pour troisième article) vingt-quatre sols que le Clergé leur donnait pour chaque jour qu’ils venaient aux élections.

L’agent des prêtres en tout ceci, Froment, était plus qu’un homme, c’était toute une légion ; il agissait en même temps par une multitude de bras, par son frère, Froment-tapage, par ses parents, par ses amis, etc. Il avait son bureau, sa caisse, sa librairie de pamphlets, son antre aux élections, tout contre l’église des Dominicains, et sa maison communiquait avec une tour qui dominait les remparts. Vraie position de guerre civile qui défiait la fusillade, ne craignait que le canon.

Avant d’en venir aux armes, Froment travailla la Révolution en dessous, par la Révolution même, par la garde nationale et par les élections. Des assemblées tenues la nuit dans l’église des Pénitents blancs préparèrent les élections municipales, de manière à exclure tous les protestants. Les droits énormes que l’Assemblée donne au pouvoir municipal, le droit de requérir les troupes, de proclamer la loi martiale, d’arborer le drapeau rouge, se trouvent placés ainsi, et à Nîmes et à Montauban, dans les mains des catholiques ; ce drapeau sera arboré pour eux, s’ils en ont besoin, et jamais contre eux.