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tous les autels, tous les temples, toutes les églises, une lueur s’était faite au ciel…

Le 14 juillet fut reçu du Midi, ainsi que de toute la France, comme la délivrance de Dieu, comme la sortie d’Égypte ; le peuple avait franchi la mer et, parvenu à l’autre bord, chantait le cantique. Ni protestants ni catholiques, nulle différence, des Français. Il se trouva, sans qu’on le voulût, sans qu’on y songeât, que le comité permanent qui s’organisa dans les villes fut mixte, des deux religions ; mixte également fut la milice nationale. Les officiers furent généralement catholiques, parce que les protestants, étrangers au service militaire, n’auraient guère pu commander. En récompense, ils formèrent presque toute la cavalerie ; beaucoup avaient des chevaux pour les besoins de leur commerce.

Deux mois, trois mois, se passèrent. On s’avisa alors, et à Nîmes et à Montauban, de former de nouvelles compagnies exclusivement catholiques.

Cette belle unanimité avait disparu. Une question grave, profonde, celle des biens du Clergé, avait changé tout.

Le Clergé montra une force remarquable d’organisation, une vigueur intelligente à créer la guerre civile, dans une population qui n’en avait nulle envie.

Trois choses furent employées. Premièrement, les moines mendiants, capucins, dominicains, qui se firent distributeurs, propagateurs d’une prodigieuse multitude de brochures et de pamphlets. Deuxième-