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par Bordeaux, n’avait rien à espérer. L’explosion devait avoir lieu à ce moment ou jamais.


On ne comprendrait rien aux irruptions de ces vieux volcans du Midi, si avant tout on n’en sondait le foyer toujours brûlant. Les flammes infernales des bûchers qui s’y rallumèrent tant de fois, ces flammes contagieuses de soufre, semblent avoir gagné le sol même, en sorte que des incendies inconnus y courent toujours sous la terre. C’est comme pour ces houillères qui brûlent dans l’Aveyron. Le feu n’est pas à la surface. Mais, dans ce gazon jauni, si vous enfoncez un bâton, il fume, il prend feu, il révèle l’enfer qui dort sous vos pieds.

Puissent s’amortir les haines !… Mais il faut que les souvenirs restent, que tant de malheurs, de souffrances, ne soient jamais perdus pour l’expérience des hommes. Il faut que la première, la plus sainte de nos libertés, la liberté religieuse, aille souvent se fortifier, se raviver par la vue des affreuses ruines qu’a laissées le fanatisme.

Les pierres parlent, au défaut des hommes. Deux monuments surtout méritent d’être l’objet d’un fréquent pèlerinage, tous deux opposés, tous deux instructifs, l’un infâme, l’autre sacré.

L’infâme, c’est le palais d’Avignon, la Babel des papes, la Sodome des légats, la Gomorrhe des cardinaux.

Palais monstre, qui couvre toute la croupe d’une montagne de ses tours obscènes. Lieux de volupté,