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comte d’Artois de leurs conseils violents. Des officiers de marine, les Bonchamp, les Marigny, aussitôt que la France eut toute l’Europe en face, lui plantèrent dans le dos le poignard de la Vendée.

Le premier coup à leur orgueil, ce fut Toulon qui le porta. Là commandait le très brave, très insolent, très dur Albert de Rioms, un de nos meilleurs capitaines. Il croyait mener les deux villes, et l’Arsenal, et Toulon, justement de même manière, comme une chiourme de forçats, à coups de cordes et de lianes, protégeant la cocarde noire, punissant la tricolore. Il se fiait à un pacte que ses officiers de marine avaient fait avec ceux de terre contre les gardes nationaux. Quand ceux-ci vinrent réclamer, les magistrats en tête, il les reçut comme il eût fait des galériens de l’Arsenal. Alors un peuple furieux entoure l’hôtel du commandant. Il commande le feu, et pas un soldat ne tire. Il lui faut prier les magistrats de la ville de lui accorder secours. Les gardes nationaux qu’il avait insultés eurent grand’peine à le défendre ; ils ne parvinrent à le sauver qu’en le mettant au cachot (novembre-décembre 1789).

À Lille, on essaya de même de mettre aux prises les troupes et la garde nationale, même d’armer les régiments entre eux. Le commandant Livarot (on le voit par ses lettres inédites) les animait en leur parlant de la prétendue injure que Dubois de Crancé aurait faite à l’armée dans l’Assemblée nationale. L’Assemblée ne répondit qu’en améliorant le sort