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conféraient les lois. Un tribun captieux exigea de lui le serment de les avoir respectés. Il croyait, par cet insidieux interrogat, placer le consul dans l’alternative d’un parjure ou d’un aveu embarrassant. Je jure, dit le grand homme, je jure que j’ai sauvé la République ! — Messieurs…, je jure que vous avez sauvé la chose publique ! »

À ce magnifique serment, l’Assemblée se lève tout entière et décrète : « Point d’élection que la constitution ne soit achevée. »

Les royalistes furent atterrés. Plusieurs néanmoins pensaient que l’espoir de leur parti, l’élection nouvelle, eût bien pu tourner contre eux, qu’elle eût amené peut-être une Assemblée plus hostile, plus violente. Dans l’immense fermentation du royaume, dans l’ébullition croissante, qui pouvait être sûr de bien voir ?… La simple organisation des municipalités remuait la France dans sa profondeur. Elles se formaient à peine, et déjà, à côté d’elles, s’organisaient des sociétés, des clubs pour les surveiller. Sociétés redoutables, mais utiles, éminemment utiles dans une telle crise ; organe, instrument nécessaire de la défiance publique, en présence de tant de complots.

Les clubs iront grandissant, il le faut, la situation le veut ainsi. Cette époque n’est pas encore celle de leur plus grande puissance. Pour la France, c’est l’époque des fédérations. Mais déjà les clubs règnent à Paris.

Paris semble veiller pour la France, Paris reste haletant, debout, tenant ses soixante districts assem-