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Dès que Léopold fut Empereur (20 février), dès qu’il eut publié son étrange manifeste où il adopte les principes de la révolution belge, avoue la légalité de l’insurrection contre l’Empereur (2 mars), son ambassadeur, M. de Mercy-Argenteau, décida Marie-Antoinette à surmonter ses répugnances, à se rapprocher de Mirabeau.

Mais, quelle que fût la facilité du caractère de l’orateur, son éternel besoin d’argent, le rapprochement était difficile. On l’avait dédaigné, repoussé, au moment où il pouvait être utile. Et on venait le chercher lorsque tout était compromis, perdu peut-être.

En novembre, on s’était entendu avec les députés les plus révolutionnaires pour fermer à Mirabeau le ministère pour toujours. Maintenant on l’appelait.

On l’appelait à une entreprise impossible, après tant d’imprudences et trois complots avortés.

L’ambassadeur d’Autriche se chargea lui-même de faire revenir de Belgique l’homme qui pouvait le mieux servir d’intermédiaire, M. de La Marck, ami personnel de Mirabeau et personnellement aussi tout dévoué à la reine.

Il revint. Le 15 mars, il porta à Mirabeau les ouvertures de la cour, le trouva très froid. Son bon sens lui faisait sentir que la cour lui proposait seulement de se noyer avec elle.

Pressé par La Marck, il dit qu’on ne pouvait relever le trône qu’en s’appuyant sur la liberté ; que, si la cour voulait autre chose, il la combattrait, loin de la