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nœud qu’on ne dénouait pas avait été tranché par la magnanimité nationale. Les villes, armées tout entières, avaient marché à la défense des châteaux ; elles avaient protégé les nobles, leurs ennemis.

Les grandes réunions continuent, et plus grandes chaque jour, si formidables que, sans agir, par leur seule apparition, elles doivent intimider les deux ennemis de la France : d’une part l’anarchie, le pillage, d’autre part la contre-révolution. Ce ne sont plus seulement les populations plus rares, plus dispersées du Midi, qui s’assemblent ; ce sont les massives, les compactes légions des grandes provinces du Nord ; c’est la Champagne, cent mille hommes ; c’est la Lorraine, cent mille hommes ; les Vosges, l’Alsace, etc.

Mouvement plein de grandeur, désintéressé et sans jalousie. Tout se groupe, tout s’unit, tout gravite à l’unité. Paris appelle les provinces, veut s’unir toutes les communes. Et les provinces, d’elles-mêmes, sans la moindre pensée d’envie, veulent encore plus s’unir. La Bretagne, le 20 mars, demande que la France envoie un homme sur mille à Paris. Bordeaux a déjà demandé une fête civique pour le 14 juillet. Les deux propositions tout à l’heure n’en feront qu’une. La France appellera toute la France à cette grande fête, la première du nouveau culte.