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voir d’agir et les rendit responsables des désordres qu’elles ne pourraient empêcher.

L’audace inouïe de la proposition de Cazalès ne s’explique que par sa date (20 février). Un sacrifice sanglant avait été fait le 18, qui paraissait répondre de la bonne foi de la cour.

Elle avait alors deux affaires, deux procès sur les bras : celui de Besenval, celui de Favras.

Besenval, accusé pour le 14 juillet, n’avait fait après tout qu’exécuter les ordres de son chef le ministre, les ordres du roi. Pourtant, si on l’innocentait, on paraissait condamner la prise de la Bastille et la Révolution même. Il était spécialement odieux comme étant l’homme de la reine, l’ex-confident des parties de Trianon, l’ancien ami de Choiseul, et, comme tel, appartenant à la cabale autrichienne.

Favras intéressait moins la cour. C’était l’homme de Monsieur. Il s’était chargé, pour lui, d’enlever le roi. Monsieur, vraisemblablement, eût été lieutenant général, régent peut-être, si l’on eût interdit le roi, comme le proposaient quelques parlementaires et amis des princes. M. de La Fayette dit, dans ses Mémoires, que Favras devait commencer par tuer Bailly et La Fayette.

Favras ayant été arrêté dans la nuit du 25 décembre, Monsieur, très effrayé, fit la démarche singulière d’aller se justifier… Où ? devant quel tribunal ? Devant la ville de Paris. Les magistrats municipaux n’étaient nullement qualifiés pour recevoir un tel acte. Monsieur renia Favras, dit qu’il n’avait nulle connaissance