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Malouet, en dernier lieu, proposait de consulter les chambres de commerce, les villes de manufacture, afin d’aider les ouvriers, « d’augmenter le travail et les salaires ».

Une sorte d’enchère, de concurrence, allait s’établir entre les deux partis. Il s’agissait d’acquérir ou de ramener le peuple. À la proposition de donner aux indigents, une seule pouvait être opposée, celle qui autoriserait les travailleurs à ne plus payer, qui du moins permettrait aux travailleurs des campagnes de ne plus payer les droits les plus odieux, les droits féodaux.

Ces droits périclitaient fort. Pour mieux les détruire, pour anéantir les actes qui les consacraient, on brûlait les châteaux mêmes. Les grands propriétaires qui siégeaient à l’Assemblée étaient pleins d’inquiétude. Une propriété si haïe, si dangereuse, qui compromettait tout le reste de leur fortune, commençait à leur paraître un fardeau. Pour sauver ces droits, il fallait ou en sacrifier une partie ou les défendre à main armée, rallier ce qu’on avait d’amis, de clients, de domestiques, commencer une guerre terrible contre tout le peuple.

Sauf un petit nombre de vieillards qui avaient fait la Guerre de Sept-Ans ou de jeunes gens qui avaient pris part à celle d’Amérique, nos nobles n’avaient fait d’autres campagnes que dans les garnisons. Ils étaient pourtant individuellement braves dans les querelles privées. La petite noblesse de Vendée et de Bretagne, jusque-là si inconnue, apparut tout à