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de religion au solennel examen de la Déclaration des droits.

Il ne s’agissait point d’une Pétition de droits, comme en Angleterre, d’un appel au droit écrit, aux chartes contestées, aux libertés, vraies ou fausses, du Moyen-âge.

Il ne s’agissait pas, comme en Amérique, d’aller chercher, d’État en État, les principes que chacun d’eux reconnaissait, de les résumer, généraliser, et d’en construire, a posteriori, la formule totale qu’accepterait la fédération.

Il s’agissait de donner d’en haut, en vertu d’une autorité souveraine, impériale, pontificale, le credo du nouvel âge. Quelle autorité ? La raison, discutée par tout un siècle de philosophes, de profonds penseurs, acceptée de tous les esprits et pénétrant dans les mœurs, arrêtée enfin, formulée par les logiciens de l’Assemblée constituante… Il s’agissait d’imposer comme autorité à la raison ce que la raison avait trouvé au fond du libre examen.

C’était la philosophie du siècle, son législateur, son Moïse, qui descendait de la montagne, portant au front les rayons lumineux et les tables dans ses mains…

On a beaucoup discuté pour et contre la Déclaration des droits, et disputé dans le vide.

D’abord nous n’avons rien à dire aux Bentham, aux Dumont, aux utilitaires, aux empiriques, qui ne connaissent de loi que la loi écrite, qui ne savent point que le droit n’est droit qu’autant qu’il est