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Les barrières, qu’on achevait à peine, ces lourdes petites bastilles de la ferme générale, furent partout, ce même dimanche, attaquées par le peuple, mal défendues par la troupe, qui pourtant tua du monde. Elles brûlèrent pendant la nuit.

La cour, si près de Paris, ne pouvait rien ignorer. Elle resta immobile, n’envoya ni ordre ni troupe. Elle attendait apparemment que le trouble augmentant, devenant révolte et guerre, lui donnât ce que l’affaire Réveillon, étouffée trop tôt, n’avait pu donner, un prétexte spécieux pour dissoudre l’Assemblée. Donc elle laissait à loisir Paris s’enfoncer dans son tort. Elle gardait bien Versailles, les ponts de Sèvres et de Saint-Cloud, coupait toute communication, et se croyait sûre de pouvoir toujours, au pis aller, affamer Paris. Elle-même, entourée de troupes allemandes, pour les deux tiers, qu’avait-elle à craindre ?… Rien, que de perdre la France.

Le ministre de Paris (il y en avait un alors) resta à Versailles. Les autres autorités, le lieutenant de police, le prévôt des marchands Flesselles, l’intendant Berthier, parurent de même inactifs. Flesselles, mandé à la cour[1], ne put s’y rendre, mais vraisemblablement il en eut les instructions.

Le commandant Besenval, sans responsabilité, puisqu’il ne pouvait agir que par les ordres de Broglie, restait paresseusement à l’École militaire. Il n’osait se servir des Gardes-françaises et les tenait consignés.

  1. C’est ce que nous apprenons du roi lui-même. Voir sa première réponse (du 14 juillet) à l’Assemblée nationale.