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conduisez la nation au-devant du roi ! » — Le président frappe à la porte ; les gardes du corps du dedans : « Tout à l’heure. » — Le président : « Messieurs, où donc est le maître des cérémonies ? » — Les gardes du corps : « Nous n’en savons rien. » — Les députés : « Eh bien, partons, allons-nous-en ! » — Enfin le président parvient à faire venir le capitaine des gardes, qui s’en va chercher Brezé.

Les députés, entrant à la file, trouvent dans la salle le Clergé et la Noblesse qui, déjà en place et siégeant, semblent les attendre, comme juges… Du reste, la salle est vide. Rien de plus triste que cette salle immense, d’où le peuple est exilé.

Le roi lut avec sa simplicité ordinaire la harangue qu’on lui avait composée, ces paroles despotiques si étranges dans sa bouche. Il en sentait peu la violence provoquante, car il se montra surpris de l’aspect que présentait l’Assemblée. Les nobles ayant applaudi l’article qui consacrait les droits féodaux, des voix hautes et claires dirent : « Paix là ! »

Le roi, après un moment de silence et d’étonnement, finit par un mot grave, intolérable, qui jetait le gant à l’Assemblée, commençait la guerre : « Si vous m’abandonnez dans une si belle entreprise, seul je ferai le bien de mes peuples, seul je me considérerai comme leur véritable représentant. »

Et enfin : « Je vous ordonne, Messieurs, de vous séparer tout de suite, et de vous rendre demain matin dans les chambres affectées à votre ordre pour y reprendre vos séances. »