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qui est mal chez Necker est conservé précieusement, mais richement augmenté.

Cet acte, qu’on peut appeler le testament du despotisme, se divise en deux parties : 1o la prohibition des garanties, sous ce titre : Déclaration concernant la présente tenue des États ; 2o les réformes, les bienfaits, comme ils disent[1] : Déclaration des intentions du roi, de ses vœux, de ses désirs, pour le futur contingent. Le mal est sûr, et le bien possible. Voyons le détail :

I. Le roi brise la volonté de cinq millions d’électeurs, déclarant que leurs demandes ne sont que des renseignements.

Le roi brise les décisions des députés du Tiers, les déclarant « nulles, illégales, inconstitutionnelles ».

Le roi veut que les ordres restent distincts, qu’un seul puisse entraver les autres (que deux centièmes de la nation pèsent autant que la nation).

S’ils veulent se réunir, il le permet, pour cette fois seulement — et seulement encore pour les affaires générales ; — dans ces affaires générales ne sont compris ni les droits des trois ordres, ni la constitution des prochains États, ni les propriétés féodales et seigneuriales, ni les privilèges d’argent ou d’hon-

  1. La forme à la hauteur du fonds ; bouffie par moment, puis plate, tout ce qui sent le faux brave : « Jamais roi n’en a tant fait !… » Vers la fin, une phrase admirable d’imprudence et de gaucherie (aussi Necker la revendique, t. IX, p. 196) : « Réfléchissez, Messieurs, qu’aucun de vos projets ne peut avoir force de loi sans mon approbation spéciale. »