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en trois ordres, tantôt actifs, tantôt immobiles par leur triple mouvement, Necker les balance encore, les entrave, les neutralise par des États provinciaux, augmentant la division, quand la France a soif d’unité.

5o Voilà ce qu’il donne, et dès qu’il a donné, il le retire à l’instant… Cette belle machine législative, personne ne la verra jouer, il nous en envie le spectacle, elle fonctionne à huis clos : nulle publicité des séances. La loi se fera ainsi, loin du jour, dans les ténèbres, comme pourrait se faire un complot contre la loi.

6o La loi ! que signifie ce mot, sans liberté personnelle ? qui peut agir, élire, voter librement, quand personne n’est sûr de coucher chez soi ? Cette première condition de vie sociale, antérieure, indispensable à l’action politique, Necker ne l’assure pas encore. Le roi invitera l’Assemblée à rechercher les moyens qui pourraient permettre l’abolition des lettres de cachet… En attendant, il les garde, les enlèvements arbitraires, les prisons d’État, la Bastille.

Voilà l’extrême concession que, dans son meilleur moment, poussée par un ministre populaire, fait la vieille royauté. Encore ne peut-elle aller jusque-là. Le roi nominal promet ; le vrai roi, qui est la cour, se moque de la promesse… Qu’ils meurent dans leur péché !


déclaration du roi (23 juin 1789).

Le plan de la cour vaut mieux que le plan bâtard de Necker. Au moins on y voit plus clair. Tout ce