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geantes, fausses d’ailleurs en général, il se hasardait à poser la question de principe : « Qui vous a convoqués ? Le roi… Vos mandats, vos cahiers, vous autorisent-ils à vous déclarer l’assemblée des seuls représentants connus et vérifiés ?… Et si le roi vous refuse sa sanction ?… La suite en est évidente. Vous aurez des pillages, des boucheries, vous n’aurez pas même l’exécrable honneur d’une guerre civile. »

Quel titre fallait-il donc prendre ?

Mounier et les imitateurs du gouvernement anglais proposaient : Représentants de la majeure partie de la nation, en l’absence de la mineure partie. Cela divisait la nation en deux, conduisait à l’établissement des deux chambres.

Mirabeau préférait la formule : Représentants du peuple français. Ce mot, disait-il, était élastique, pouvait dire peu ou beaucoup.

C’est précisément le reproche que lui firent deux légistes éminents, Target (de Paris), Thouret (de Rouen). Ils lui demandèrent si peuple signifiait plebs ou populus. L’équivoque était mise à nu. Le roi, le Clergé, la Noblesse, auraient sans nul doute interprété peuple dans le sens de plebs, du peuple inférieur, d’une simple partie de la nation.

Beaucoup n’avaient pas senti l’équivoque, ni combien elle allait faire perdre de terrain à l’assemblée. Tous le comprirent, lorsque Malouet, l’ami de Necker, accepta ce mot de peuple.

La peur que Mirabeau essayait de faire du veto royal ne fit qu’indigner. Le janséniste Camus, l’un des