Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 1.djvu/180

Cette page a été validée par deux contributeurs.

reproche de légèreté… Avant que le mouvement commençât, il voulait déjà enrayer.

L’assemblée s’en tint au nom de Communes, qui, dans son humble signification, mal définie, la débarrassait pourtant de ce petit nom spécial de Tiers. Vives réclamations de la part de la Noblesse.

Le 15 juin, Sieyès, avec audace et prudence, demanda que les Communes s’intitulassent : Assemblée des représentants connus et vérifiés de la nation française. Il semblait n’énoncer qu’un fait impossible à contester : les députés des Communes avaient soumis leurs pouvoirs à une vérification publique, faite solennellement dans la grande salle ouverte et devant la foule. Les deux autres ordres avaient vérifié entre eux, à huis clos. Le simple mot de députés vérifiés réduisait les autres au nom de députés présumés ; ces derniers pouvaient-ils empêcher les autres d’agir ? les absents pouvaient-ils paralyser les présents ? Sieyès rappelait que ceux-ci représentaient déjà les quatre-vingt-seize centièmes (au moins) de la nation.

On connaissait trop bien Sieyès pour douter que cette proposition ne fût un degré pour amener à une autre, plus hardie, plus décisive. Mirabeau lui reprocha tout d’abord « de lancer l’assemblée dans la carrière, sans lui montrer le but auquel il voulait la conduire ».

Et en effet, au second jour de la bataille, la lumière se fit. Deux députés servirent de précurseurs à Sieyès. M. Legrand proposa que l’assemblée se