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venait de Versailles. Le Tiers, qui voyait la cour s’irriter de plus en plus et s’entourer de soldats, ne se sentait qu’une défense, la foule qui l’écoutait, la presse qui le faisait écouter de tout le royaume. Le jour même de l’ouverture des États, la cour essaya d’étouffer la presse ; un arrêt du Conseil supprima, condamna le Journal des États généraux, que Mirabeau publiait ; un autre arrêt défendit qu’aucun écrit périodique parût sans permission. Ainsi la censure, inactive depuis plusieurs mois et comme suspendue, était rétablie en face de la nation assemblée, rétablie pour les communications nécessaires, indispensables, des députés et de ceux qui les avaient députés. Mirabeau n’en tint compte et continua sous ce titre : Lettres à mes commettants. L’assemblée des électeurs de Paris, qui travaillait encore à ses cahiers, s’interrompit (7 mai) pour réclamer unanimement contre l’arrêt du Conseil[1]. Ce fut la première intervention de Paris dans les affaires générales. La grande et capitale question de la liberté de la presse se trouva emportée d’emblée. La cour pouvait dès lors rassembler des canons et des armées ; une artillerie plus puissante, celle de la presse, tonnait désormais à l’oreille du peuple, tout le royaume attendait.

Le 7 mai, le Tiers, sur la proposition de Malouet et de Mounier, permit à quelques-uns des siens d’inviter le Clergé et la Noblesse à venir siéger. La Noblesse passa outre, se constitua en assemblée. Le Clergé,

  1. Procès-verbal des électeurs, rédigé par Bailly et Duveyrier, I, 34.