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HISTOIRE DE FRANCE

et tendre avec son oncle de Bourgogne[1]. Il comptait sur la Savoie, un peu sur les Suisses. Il se faisait reconnaître par le pape, et lui faisait hommage des comtés de Valentinois et de Diois. Enfin, chose hardie, il ordonna une levée générale, de dix-huit ans jusqu’à soixante.

Cela lui tourna mal. Le Dauphiné était fatigué ; ce tout petit pays, qui n’était pas riche, devenait, sous une main si terriblement active, un grand centre de politique et d’influence[2], insigne honneur, mais un peu cher. Tout le pays était debout, en mouvement ; l’impôt avait doublé ; une foule d’améliorations s’étaient faites[3], il est vrai, plus que le pays n’en voulait payer. La noblesse, qui ne payait pas, aurait soutenu le dauphin ; mais, dans son impatience de se faire des créatures, d’abaisser les uns, d’élever les autres, il faisait tous les jours des nobles ; il en fit d’innombrables, force gentilshommes qui pouvaient, sans déroger, commercer, labourer la terre. Ce mot : Noblesse du dauphin Louis, est resté proverbial. Elle ne venait pas toujours par de nobles moyens ; tel, disait-on, n’avait pour titre que d’avoir tenu l’échelle, élargi la haie par où le dauphin entrait la nuit chez la dame de Sassenage.

L’intervention du duc de Bourgogne, du duc de Bretagne, suffirent plus tard pour sauver le duc d’Alençon :

  1. Il venait de lui envoyer des arbalètes en présent ; le duc de Bourgogne, à qui probablement le roi en écrivit, crut devoir s’excuser. App. 169.
  2. Les Anglais disaient que de tous les hommes de France le dauphin était celui qu’ils redoutaient le plus. (Procès du duc d’Alençon, déposition de son émissaire le prêtre Thomas Gillet.)
  3. App. 170.