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HISTOIRE DE FRANCE

quelles furent reçus les nouveaux ambassadeurs que le roi envoya en Flandre. On les fit attendre longuement, on leur dit que le duc ne voulait point qu’ils se mêlassent de ses affaires ; enfin, les Bourguignons se lâchèrent en paroles aigres, comme elles viennent à des gens qui n’ont plus rien à ménager, par exemple, qu’on savait bien que le peuple de France était mécontent du roi pour les tailles et les aides, pour la mangerie qui s’y faisait, etc. À quoi les ambassadeurs répliquèrent que la seule aide du vin montait plus haut dans une seule ville du duc que dans deux du roi : que pour les tailles, le roi n’en mettait que pour les gens d’armes en tout quatorze ou quinze sols par feu, ce qui était peu de chose[1].

Ce qui rendait bien triste la situation des ambassadeurs qui venaient s’interposer et comme offrir leur justice, c’est que ni d’un côté ni de l’autre on ne voulait la recevoir, pas plus la ville que le duc. Ils firent alors la ridicule et hasardeuse démarche d’envoyer sous main un barbier[2] pour tâter les gens de Gand et leur insinuer timidement qu’ils devraient envoyer à Paris pour demander provision. Les Gantais, impatientés de ces démarches obliques, repondirent durement « qu’ils n’estoient pas délibérez de rescripre à aucune personne du monde ».

Ainsi cette fière ville ne songeait plus qu’à combattre, seule avec son droit. L’audace croissait par le

  1. App. 157.
  2. En même temps, un Français, Pierre Moreau, vint se mettre à la solde des Gantais, leur inspira de la confiance et les mena plusieurs fois au combat.