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TROUBLES DE L’ANGLETERRE

de se répandre par la ville. Les voilà qui courent les rues, admirent, regardent les portes closes ; ils commencent à flairer le butin ; les mains démangent, ils pillent. Le prince lui-même, tout prince et Mortimer qu’il est, ne peut tellement dominer ses vieilles habitudes des guerres de France qu’il ne vole aussi, tant soit peu, dans la maison où il a dîné.

Les respectables bourgeois de Londres, marchands, gens de boutique et autres, avaient jusque-là assez bien pris la chose, y compris les exécutions. Mais, quand ils virent que les chères boutiques, les précieux magasins, allaient être violés, alors ils s’animèrent contre ces brigands d’une vertueuse fureur. Ils prirent les armes, eux, leurs ouvriers, leurs apprentis ; une furieuse batterie eut lieu dans les rues et au pont de Londres.

Les gens de Kent, rejetés au faubourg, y passèrent la nuit, un peu étourdis de l’accueil qu’ils avaient reçu dans la Cité. Ils réfléchirent, ils se refroidirent. C’était le bon moment pour parlementer avec eux ; ils étaient découragés, crédules. Le primat et l’archevêque d’York passèrent de la Cité à Southwark dans un batelet, porteurs du sceau royal. Ils leur scellèrent des pardons, tant qu’ils en voulurent, et les braves gens s’en allèrent, chacun de son côté, sans dire adieu au capitaine Cade[1]. Lui, intrépide, il essaya d’abord de diriger la retraite de ceux qui lui restaient ; puis, voyant qu’ils ne songeaient qu’à se battre pour le butin, il monta à cheval et s’enfuit ; mais sa tête était mise à prix, il n’alla pas loin (juillet 1450).

  1. « Without bydding farewell to their capitaine. » (Hall and Grafton.)