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HISTOIRE DE FRANCE

lui : il les battit ; puis d’illustres parlementaires, l’archevêque de Cantorbéry, le duc de Buckingham : il les reçut avec aplomb, sagesse et dignité, modéré dans la discussion, mais sobre de communications, inébranlable[1].

Cependant les soldats du roi criaient que le duc d’York devrait bien revenir pour s’entendre avec son cousin Mortimer, et mettre à la raison la reine et ses complices. On essaya de les calmer en leur disant qu’il serait fait justice, et l’on mit à la Tour lord Say, trésorier d’Angleterre.

Le faubourg étant occupé déjà, le lord maire consulte les bourgeois : « Faut-il ouvrir la Cité ? » Un seul ose dire non, on l’emprisonne. La foule entre… Cade, avec beaucoup de présence d’esprit, coupe lui-même de son épée les cordes du pont-levis, s’assurant qu’ainsi on ne le relèvera pas. De son épée il frappe la vieille pierre de Londres, en disant gravement : « Mortimer est lord de la Cité. » Défense de piller sous peine de mort ; la défense était sérieuse, il venait de faire décapiter un de ses officiers pour désobéissance. Il se piquait fort de justice. Il tira lord Say de la Tour pour le faire mourir ; mais auparavant il le fit juger dans la rue, à Cheapside, par le lord maire et les aldermen demimorts de peur. Il était assez adroit de s’associer ainsi, de gré ou de force, le magistrat de Londres.

Après le spectacle de ce jugement de carrefour, après l’exécution, on ne pouvait empêcher les gens de Kent

  1. « Sober in communication, wise in disputyng. » (Hall and Grafton.)