Page:Michelet - OC, Histoire de France, t. 5.djvu/260

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
250
HISTOIRE DE FRANCE

moyen de mettre contre soi non seulement l’Église, mais les lords, qui souvent pouvaient payer leurs dettes avec des bénéfices, faire évêques leurs chapelains, leurs serviteurs. Les grands étaient blessés doublement à leur endroit le plus sensible ; on leur ôtait leur influence sur l’Église, au moment où ils perdaient leurs fiefs de France. L’indemnité promise pour les terres qu’ils avaient dans le Maine se réduisit à rien ; elle fut échangée par un nouveau traité pour certaines sommes que les Marches anglaises de Normandie payaient jusque-là aux Français ; le roi d’Angleterre se chargeait d’indemniser ses sujets du Maine ; c’est dire assez qu’ils ne reçurent pas un sol. Un pouvoir qui blessait les grands dans leur fortune, le peuple en son orgueil, et que l’Église ne soutenait plus, ne pouvait subsister. À qui sa ruine allait-elle profiter ? c’était la question.

Les deux princes les plus près du trône étaient York et Somerset. Suffolk crut s’assurer de tous deux. Il ôta au plus dangereux, au duc d’York, l’armée principale, celle de France, et il le relégua honorablement dans le gouvernement d’Irlande. Somerset qui, après tout, était Lancastre et proche parent du roi, eut le poste de confiance, la régence de France, l’armée la plus nombreuse. Mais il n’en fut pas moins hostile. Il crut, il dit du moins qu’on l’avait envoyé en France pour le déshonorer, pour le laisser périr sans secours, lorsque les places étaient ruinées, démantelées, lorsque la Normandie l’était elle-même par l’abandon du Maine qui découvrait ses flancs.